A Brive, l’entreprise Axioma utilise des cocktails de plantes pour booster la croissance d’autres plantes. Une manière d’améliorer les rendements. Ou de diminuer les produits chimiques utilisés
« Une plante, c’est monté à l’envers : sa tête, ce sont ses racines » Cela ferait peut-être hurler les botanistes mais Rim Jaber a besoin de ce genre de formules pour expliquer ce qu’elle fait. La responsable recherche et développement d’Axioma explique qu’il faut soigner la « tête » des plantes si on veut que le reste soit en pleine forme. « Surtout avec les problèmes de sécheresse que l’on rencontre de plus en plus souvent, toute la matière première disparaît dans les premiers centimètres de la surface. » Il importe donc de développer le système racinaire pour que la plante aille chercher plus loin ce dont elle a besoin « et en plus, elle est moins attaquée par les champignons et d’autres maladies. »
Diminution de 30% des produits phytosanitaires
Depuis 2012, Axioma fabrique des bio-stimulants. Un terme un peu mystérieux, à mi-chemin entre l’entretien et de dopage pour plantes. « Tous nos produits sont certifiés bio même si seulement 5 % de notre chiffre d’affaires se fait avec des agriculteurs bio. C’est normal, ils sont très minoritaires. » Mais les biostimulants visent surtout à permettre à l’agriculture chimique de diminuer « d’environ 30 % » la quantité de produits phytosanitaires utilisés. Et ce grâce à un cocktail d’actifs naturels présents dans les plantes et extraits par des moyens hydroalcooliques. Bref, de l’extrait de plantes et pour Rim Jaber, ce sont essentiellement les mélanges et dosages de ces plantes qui rendent la formule efficace. Les formules développées par l’entreprise sont basées sur des extraits de plantes fraîches « qui sont assemblés en fonction de leurs atouts connus ».
Pour les vaches et les sportifs
Axioma a développé son système pour plusieurs types de plantes : « Prairie verte » accroît le rendement des prairies et la qualité des fourrage et le système est décliné en une autre formule pour les gazons. Ceux de monsieur (et madame) tout le monde mais aussi ceux des stades de foot et de rugby qui subissent les piétinements des joueurs.
Ce n’est que récemment que le problème des produits phytosanitaires utilisés sur des pelouse où des joueurs se vautrent toutes les semaines a suscité l’attention et l’entreprise briviste est déjà sur le créneau. Tout comme celui des céréales « où l’on obtient des épis plus longs et mieux développés » et la viticulture « où l’on améliore la résistance aux aléas climatiques ».
Bref, à défaut de remplacer les produits chimiques, Axioma propose une solution qui permet d’en diminuer leur utilisation et c’est pour cela que la petite entreprise ne s’est pas mise à dos les géants de la chimie agricole dont certains sont intéressés pour distribuer ses produits.
Actuellement, elle est la seule entreprise d’Europe sur ce créneau même si les recherches sur les biostimulants se multiplient, qui portent essentiellement sur des produits à base d’algues ou de micro-organisme. Mais elle est la seule à utiliser les plantes. Une sorte de phytothérapie pour les plantes.
Jean-Luc Eluard