Quand on arrête de fumer, on grossit. C’est que l’on prétend mais ce n’est pas si évident. Certains trouvent même le moyen de maigrir en changeant leur manière de vivre. Repas plus équilibrés, un poil de sport… la prise de poids n’est pas obligatoire.
Il y a ceux qui le disent ouvertement et ceux qui n’en pensent pas moins : la crainte de la prise de poids est un des éléments qui empêchent d’arrêter de fumer. Pourtant 16% des fumeurs ont perdu du poids un an après avoir arrêté. Mais surtout, 37% ont pris moins de 5 kilos, 34% entre 5 et 10 kilos et 13% plus de dix kilos souligne une méta-analyse de 62 études sur le sujet par une équipe de l’hôpital Paul Brousse à Villejuif.
Bref, en moyenne on prend 4,7 kg lorsqu’on arrête de fumer. Et ce qui déprime le plus, c’est que cela se voit rapidement : l’essentiel de la prise de poids se concentre sur les trois premiers mois.
Aucune égalité devant le poids
Mais tout le monde n’est pas concerné par ces chiffres : on grossit moins si on a commencé jeune, si on fume moins, et si on est mince avant d’arrêter. Autre inégalité : les hommes grossissent aussi moins que les femmes. Quoi qu’il en soit, il faut distinguer deux types de prise de poids : celle qui est naturelle et celle qui est due à des facteurs psychologiques.
Les études sont récentes sur ce sujet qui paraissait jusqu’alors secondaire par rapport aux bénéfices escomptés de l’arrêt du tabac.
Ce qui est certain, c’est que le tabac augmente les dépenses énergétiques : avec la clope, on dépense 6% de calories en plus au repos et 12% à l’effort. En gros, ce sont 200 calories par jour que le tabac brûle en le pompant sur nos réserves et qui s’accumulent si on ne change rien à son mode de vie. Bon, ce n’est pas énorme mais c’est entre 1 et 4 kilos au final.
D’après une étude suisse, cela peut être dû à un changement dans la flore intestinale consécutive à l’arrêt de la fumée. La flore présente après l’arrêt fournit plus d’énergie au corps qui continue de la sous-estimer et compense.
Changements du métabolisme
Mais il y a d’autres changements dans le métabolisme… Par exemple, la ghréline, baptisée « hormone de la faim ». Elle met plus de temps à baisser si on ne fume plus. La production de leptine est également modifiée : son rôle est d’équilibrer la dépense énergétique par rapport à la prise alimentaire. Autant dire qu’elle est centrale dans la gestion du poids et que le corps (et le cerveau surtout, puisque tout est là) doit s’habituer à ce changement.
C’est aussi dans la tête
Alors que faire ? Plus on est certain que l’on va grossir et plus on va effectivement… grossir. Là, on entre dans les processus psychologiques qui comptent encore plus dans le « n’importe quoi » d’après sevrage. Pas question pour autant de faire un régime draconien. C’est déjà assez exigeant de se priver de clopes sans aller en plus se faire souffrir.
On peut quand même faire attention à manger moins gras. Et si on doit se resservir, prenons plutôt des légumes que de la graisse animale ! D’autant qu’avec le retour des sensations gustatives, on retrouve des goûts que l’on négligeait. Et le brocoli devient un délice ! (bon d’accord, on s’emballe un peu là…).
Et même s’il ne faut pas se bâfrer, il ne faut pas non plus sortir de table frustré et se rattraper en grignotant entre les repas. Ensuite, on peut aussi se mettre au sport. Pas la peine d’aller suer dans une salle, le sport peut commencer avec un peu de marche.
En quelque sorte, la prise de poids est possible mais pas inéluctable. Et d’un strict point de vue médical, cette prise de poids sera toujours préférable à la cigarette. Le reste… c’est aussi dans la tête.
Jean-Luc Eluard
Image par Alexas_Fotos de Pixabay