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Les chats ont leurs admirateurs inconditionnels ou leurs détracteurs. Pour ces derniers, nos félins domestiques seraient des hypocrites, voire des « manipulateurs psychopathes ». Qu’en est-il vraiment ? Nous avons posé la question à Jessica Serra, chercheuse éthologue, spécialiste de la cognition animale.

« Une étude conduite par une équipe de l’université d’Ithaca aux Etats-Unis montre que 90% des chats obèses subissant un régime sont plus démonstratifs lorsqu’ils ont faim. Ils sautent plus facilement sur les genoux de leurs maîtres, se frottent plus souvent à leurs jambes, miaulent et ronronnent davantage. Cela fait-il d’eux des hypocrites, sachant que l’hypocrisie peut être définie comme l’acte de mentir consciemment pour s’attirer des faveurs sociales ? »

Le résultat d’un apprentissage plus qu’une manifestation d’hypocrisie

Pour l’éthologue Jessica Serra : « Les capacités cognitives lui permettent d’ajuster son comportement »

« Bien entendu nos compagnons à poils sont en mesure de comprendre le lien existant entre le fait de s’attirer les faveurs de leurs maîtres et une récompense alimentaire. Mais cela résulte d’un simple apprentissage par conditionnement associatif :  « j’attire ton attention, tu vas me donner à manger ». Ils savent qu’en se frottant à nos jambes ou en miaulant à notre intention, nous serons plus enclin à les nourrir. L’hypocrisie n’a rien à faire là-dedans. D’ailleurs, ces contacts rapprochés se produisent également de manière inopinée, à distance de toute requête alimentaire. »

La preuve de son intelligence adaptative plutôt qu’un acte malveillant

« Lorsque votre chat attend que vous ayez le dos tourné pour attraper un bout de jambon posé sur la table, il n’a pas conscience de commettre un vol ou de faire quelque chose de mal. Il voit juste cette charcuterie alléchante placée à sa portée et choisit le meilleur moment pour éviter une réaction hostile de votre part. Il a appris qu’il risquait de se faire gronder s’il était pris en flagrant délit. Ses capacités cognitives lui permettent d’ajuster son comportement en connaissance de cause. C’est une preuve d’intelligence adaptative et non de perfidie. »

Nous aime-t-il vraiment ?

« Le chat a appris qu’il risquait de se faire gronder s’il était pris en flagrant délit » PHOTO Alexandrine Civard-Racinais

« Une expérience menée récemment par l’éthologue américaine Kristyn R. Vitale montre par ailleurs que nos félins domestiques sont beaucoup plus attachés à nous qu’il n’y paraît. Durant ce test, les chats et leurs maîtres furent d’abord placés ensemble dans une pièce qu’ils ne connaissaient pas. Puis les animaux furent laissés seuls, avant d’être à nouveau réunis avec leurs maîtres. Tous les félins montrèrent des signes de stress en l’absence de leur maître, notamment en vocalisant. Signes immédiatement atténués lorsque ce dernier revenait ! Loin d’être des profiteurs égoïstes, les chats manifestent donc bien un attachement aux bipèdes qui partagent leur vie, même si ceux-ci ne s’en rendent pas toujours compte. »

Propos recueillis
par Alexandrine Civard-Racinais

 

À lire : Dans la tête d’un chat, par Jessica Serra (Humensciences, 2020)

A voir ou à revoir : « La vie secrète des chats », série produite par la BBC et diffusée depuis 2017 sur TF1 (2017) a permis de lever un pan du voile sur les activités nocturnes de nos matous.

Image par natura_photos de Pixabay

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