Le covid-19 est un maladie pulmonaire qui peut causer différents symptômes. Quelles sont les conséquences pour les poumons ? Nous avons posé la question au professeur Jean-Claude Meurice, chef du service de pneumologie au CHU de Poitiers.
« Ce virus se fixe sur des récepteurs des voies respiratoires supérieures (nez, sinus, bouche, pharynx, larynx, trachée…) et inférieures (des grosses bronches jusqu’aux alvéoles pulmonaires). Il peut provoquer une simple rhinosinusite avec un peu de toux et sans fièvre. Ou une toux plus sévère dans un contexte fébrile, qui dans un deuxième temps entre le 8e et le 12e jour après le début des symptômes, peut aboutir à une inflammation des alvéoles et du poumon profond.
Il faut alors réagir vite : les alvéoles se remplissent d’un liquide inflammatoire et des œdèmes pulmonaires liés à l’agression virale se forment, pouvant atteindre la totalité des poumons, causant essoufflement et hypoxie.
Des poumons à l’aspect en « verre dépoli »
Lorsque nous recevons un patient à l’hôpital, nous lui faisons passer un scanner thoracique (plus utile qu’une radiographie). Dans 90 % des cas les poumons apparaissent avec un aspect en « verre dépoli », et l’examen révèle une atteinte bilatérale, expansive et interstitielle. Si son état s’aggrave, le patient peut développer un syndrome de détresse respiratoire aigu de l’adulte : le passage de l’oxygène vers le sang ne se fait plus, la saturation en oxygène est alors très basse, de l’ordre de 80 à 85 % au lieu de 95 à 98 % en temps normal.
Des effets vasculaires ?
Nous, les médecins, constatons actuellement que SARS-CoV-2 pourrait aussi affecter le système vasculaire : le nouveau coronavirus remodèlerait la paroi des vaisseaux en l’épaississant, élevant la fréquence des embolies pulmonaires, phlébites et télangiectasies (dilatation des petits vaisseaux sanguins) au niveau des doigts.
Aujourd’hui, nous ne savons pas pourquoi certains patients sont épargnés tandis que d’autres développent des atteintes pulmonaires. On constate cependant que les personnes fumeuses, hypertendues, victimes d’un accident vasculaire cérébral, d’obésité (ayant un indice de masse corporelle égal ou supérieur à 30) ou de diabète sont plus à risque. Les personnes atteintes de broncho-pneumopathie obstructive (BPCO) risquent aussi davantage une détresse respiratoire.
Pour autant, tous ces patients atteints de maladies chroniques doivent absolument maintenir leur traitement sauf avis médical contraire et continuer à se faire suivre. L’ensemble du corps médical prend toutes les mesures qui s’imposent pour ne contaminer personne. »
Propos recueillis
par Florence Heimburger
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