limace

Pour lutter contre les ravageurs sans abuser des pesticides, la société de Gradignan (33) CAP 2020 conçoit des pièges à insectes connectés qui dénombrent les nuisibles. Ils permettent une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Le point alors que le capricorne asiatique des agrumes et le nématode du pin menacent les arbres de la Nouvelle-Aquitaine.

Les insectes du monde entier sont en déclin voire en voie d’extinction en raison, notamment, de la forte utilisation des pesticides de synthèse. Toutefois, certains de ces invertébrés demeurent bien présents et ravagent les cultures. C’est le cas par exemple du phylloxéra, puceron qui tue la vigne en trois ans, du capricorne asiatique qui, dans le Sud-Ouest, dévore certains arbres et rosiers, ou du nématode du pin qui pourrait faire dépérir les conifères des Landes.

Pour se débarrasser de ces « nuisibles » tout en limitant l’usage de produits phytosanitaires, la start-up girondine Cap 2020, installée depuis 2018 dans les locaux de Bordeaux Sciences Agro à Gradignan, met au point des pièges connectés de ravageurs. Ceux-ci peuvent s’utiliser en maraîchage, grandes cultures, horticulture et viticulture…

Quatre capteurs contre des dizaines de ravageurs

La jeune pousse girondine a par exemple mis au point « Limacapt®  », un capteur « vision » pouvant suivre les populations de limaces à une caméra et un algorithme embarqué. Et 3 types différents de capteurs « CapTrap® » pour d’autres ravageurs : à entonnoir avec ou sans ailettes pour traquer de gros papillons de nuit polyphages (noctuelles gamma, heliothis, pyrale du buis…) et les papillons de la chenille processionnaire du pin, qui se nourrit des aiguilles du conifère ; un dispositif à nasse pour capturer les ravageurs du maïs (pyrale et sésamie) ; un piège « delta » pour attraper les eudémis, papillons de la vigne, et carpocapses, autres lépidoptères dont la larve se développe dans les pommes et les poires.

Dans les locaux de Cap 2020, à Bordeaux Sciences Agro à Gradignan (33), Cindy Lassoureille, ingénieure agronome, et Julien Orensanz, responsable technique, conçoivent une gamme de capteurs innovants pour piéger les insectes nuisibles et limiter les pesticides. ©Florence Heimburger

Des pièges à énergie solaire et une SIM multi-opérateur

« Fabriqués à Montpellier sur le 2ème site de la société, les dispositifs se composent d’un petit panneau solaire, d’un entonnoir connecté et d’une capsule de phéromone qui attire de manière sélective l’insecte incriminé (et non les précieux pollinisateurs) et uniquement les mâles, explique Cindy Lassoureille, ingénieure agronome à Cap 2020. Quand ce dernier tombe dans l’entonnoir, il est enregistré et compté grâce à un algorithme de reconnaissance de l’insecte que nous avons mis au point. Ce comptage permet de cibler les moments où le ravageur redouté est réellement présent dans le champ et donc de limiter les intrants chimiques. Avant, certains traitements étaient systématiques, par prévention. »

Par ailleurs, pour transmettre les données, « les pièges sont à énergie solaire et comportent une carte SIM multi-opérateur afin d’assurer une excellente couverture réseau de l’ensemble du territoire », ajoute Julien Orensanz, responsable technique.

La jeune pousse commercialise ces capteurs plutôt à des industriels, légumiers, à des coopératives et à des collectivités locales, mais rien n’empêche un particulier de solliciter Cap 2020.

Vers une agriculture du futur moins toxique pour la nature ?

Ces capteurs innovants ont valu à la société plusieurs distinctions : une médaille d’argent au Salon des productions végétales Sival d’Angers en 2019 pour CapTrap®  et une de bronze pour Limacapt® , avec son partenaire De Sangosse (fournisseur innovant de solutions anti-nuisibles), au Salon des innovations agricoles Sima à Paris nord Villepinte également en 2019. Ils s’exportent partout dans le monde : en Bulgarie pour lutter contre la processionnaire du pin, en Belgique et Suisse contre la noctuelle gamma, au Canada contre la pyrale du maïs…En route vers une agriculture mondiale bientôt moins polluante ?

Florence Heimburger

Image de couverture par Michel van der Vegt de Pixabay

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