2019 sera-t-elle une « grosse année à moustique tigre » ? Il est encore trop tôt pour le savoir, mais il est d’ores et déjà acquis que l’augmentation des températures modifie le métabolisme d’Aedes Albopictus, ce petit moustique d’origine tropicale, installé en métropole française depuis 2004. Il devient aussi plus contaminant pour l’homme.
Aedes albopictus aime l’homme, ou plutôt son environnement urbain. Et l’élévation des températures, dans un contexte de réchauffement climatique global, n’est pas pour déplaire à ce moustique originaire d’Asie du sud-est.
Plus il fait chaud, plus vite les moustiques se multiplient
En moyenne, il faut compter 8 à 12 jours entre l’éclosion d’un œuf et le développement de l’adulte. « Mais si je chauffe mon labo à 30 degrés, le cycle d’Aedes albopictus raccourcit. Sept jours lui suffisent pour passer de l’œuf à la larve, de la larve à la nymphe et de la nymphe à l’adulte », souligne Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité Arbovirus et insectes vecteurs de l’Institut Pasteur (Paris). Résultat, « les adultes sortent plus vite et la densité de moustiques augmente donc à un temps T ».
Si cette situation commence à donner des sueurs froides aux experts, c’est qu’Aedes albopictus fait partie des insectes vecteurs de maladies dangereuses comme la Dengue, le Chikungunya, Zika ou encore de « la fièvre jaune qui fait partie des maladies mortelles ».
Plus il fait chaud, plus vite les moustiques deviennent contaminants
Prenons le cas du Chikungunya. La femelle d’Aedes albopictus n’est pas, en elle-même, porteuse du virus responsable de cette maladie. Mais elle peut s’infecter lors d’un repas de sang effectué sur une personne malade et devenir à son tour capable de transmettre le virus du Chikungunya.
Or, des tests menés en laboratoire par Anna-Bella Failloux et son équipe, ont montré que « lorsque la température d’incubation est de 28°C, le virus du Chikungunya est présent dans la salive de 60 % des moustiques, alors que seuls 10 % des moustiques sont capables de transmettre le virus lorsque l’incubation se fait à 20°C ».
Le risque de voir se multiplier des cas de Dengue, de Chikungunya ou de Zika (dont quelques cas sont recensés chaque année depuis 2010) croît donc avec l’élévation des températures favorisant Aedes albopictus. À ce jour, la France métropolitaine n’a jamais connue de flambée épidémique de ces maladies, « car la densité de moustiques n’est pas aussi importante que celle que l’on observe dans les pays tropicaux ». Mais la situation pourrait évoluer. Dans ce contexte, la vigilance, collective et individuelle, reste donc de mise.
Alexandrine Civard-Racinais
Mieux vaut prévenir que guérir
Une fois le moustique tigre installé et actif dans un département, il est très difficile de l’en déloger. Mais des gestes simples, faciles à adopter, permettent de limiter sa prolifération. D’autant que ce moustique est peu mobile. « Si vous êtes piqué par un moustique tigre, il faut chercher tous les petits contenants d’eau dans un rayon de 100 mètres et les vider afin de détruire ses gîtes larvaires » insiste Anna-Bella Failloux qui estime que les enfants devraient même être sensibilisés au problème dès leur plus jeune âge.
Retrouvez tous les conseils de prévention et de lutte contre le moustique tigre sur le site de l’ARS Nouvelle-Aquitaine ou du ministère de la Santé.
A Noter : Dans les départements de la région Nouvelle-Aquitaine ou le moustique tigre n’est pas encore officiellement implanté ((16, 23, 79, 86, 87), toute observation de celui-ci doit être signalée aux autorités sanitaires sur www.signalement-moustique.fr.
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