Quoi de plus naturel que de chercher à refroidir son intérieur lorsqu’il fait 40°C à l’extérieur ? Oui, mais les méthodes actuelles de production artificielle de froid, clim en tête, alimenteraient un véritable cercle vicieux aboutissant à… une augmentation des températures extérieures. Tentons de prendre la température du phénomène.

Dans la voiture, au bureau, dans la chambre à coucher… la « clim » s’invite désormais partout. Et la frénésie d’achats de climatiseurs enregistrés avant et pendant la vague de chaleur que la France vient de connaître n’est pas près de retomber. Pourtant mettre en marche la clim n’a rien d’anodin…

Produire du froid rejette de la chaleur

« On ne peut produire du froid sans rejeter de la chaleur », soulignait déjà Laurence Fournaison, directrice d’unité de recherche GPAN (Génie des procédés frigorifiques), à l’Irstea, dans un article scientifique paru en 2015 sur le site The Conversation. La plupart des systèmes actuels dits « à compression de vapeur » utilisent en effet des compresseurs, grands consommateurs d’énergie.

Le principe de base de la production de froid consistant à prélever de la chaleur sur un milieu à refroidir (air ou eau) et à la transférer vers un milieu extérieur (eau ou air extérieur). « Pour 1 kW de froid produit, on dégage au moins 1 kW. L’air extérieur dans un environnement proche se trouve ainsi réchauffé. » À Paris, par exemple, ces rejets contribuent à faire augmenter de 0,25 à 2° la température des rues, d’après le rapport Climat urbain et climatisation rendu public par le CNRS en 2010.

Des gaz à effet de serre dans ma clim’

Et ce n’est pas tout… Car les fluides frigorigènes contenus dans les climatiseurs contiennent actuellement des hydrofluorocarbure (HFC) qui sont des gaz à haut effet de serre. Les experts estiment que leur pouvoir de réchauffement peut être 10 000 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2). En cas de fuite dans l’environnement, ces gaz contribuent donc également au réchauffement climatique.

Heureusement, tout n’est (peut-être) pas encore perdu. De nouveaux systèmes de production du « froid du futur », utilisant des fluides frigorigènes neutres vis-à-vis de l’environnement, sont en cours de développement au sein de l’Irstea. Souhaitons que ces recherches aboutissent vite… car il y a surchauffe !!! En attendant il est peut-être temps de renouer avec des pratiques anciennes mais efficaces, rappelées par l’Ademe pour se protéger de la chaleur.

Alexandrine Civard-Racinais

La clim adoptée sur toute la planète

D’ici 2050, le nombre de climatiseurs en fonctionnement sur la planète pourrait atteindre le chiffre délirant de 1,6 milliard, selon une récente étude conduite par le Berkeley National Laboratory (USA). Un boom lié à la fois à la hausse globale des températures et à l’amélioration du niveau de vie des populations, notamment en Inde ou au Mexique ou le taux d’équipement atteint déjà les 80% dans les zones les plus chaudes du pays.

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