Non, nous ne parlons pas de votre ordinateur. Pour lui, c’est simple. Pour accroître les capacités de sa mémoire, il suffit de payer plus cher.
Pour la nôtre, c’est un peu plus compliqué, surtout après un certain âge. Vos ados ne manqueront pas de vous le faire remarquer : vos fonctions cognitives diminuent, et il n’est plus possible de gagner des neurones. Bref, la date de péremption arrive. Rassurez-vous, ils n’ont pas forcément raison.
D’abord, la mémoire n’est pas une pièce mécanique qui s’userait avec le temps. C’est au contraire un vrai muscle qui ne demande qu’à être sollicité pour mieux fonctionner. Tous les éléments captés par nos sens arrivent dans le cortex préfrontal pour être traités. Et, à ce stade, nous n’avons pas à rougir face à l’ordinateur. Vision ou audition, tout ce que l’on perçoit arrive dans cette gare de triage pour être ou non conservé. Cette mémoire sensorielle passe dans un vaste labyrinthe neuronal où tous ces enregistrements sont rangés, comme dans un disque dur. Pour nous, pas de clé USB, mais l’hippocampe.
Mais, alors, pourquoi la mémoire ne nous vient-elle pas toujours du premier coup ? Prenez le bureau de votre ordinateur. Oui, c’est souvent le bazar… Et il vous faudra un petit moment pour trouver ce que vous cherchez. Il en est de même pour notre mémoire. Remonter un fil d’Ariane pour aller chercher un souvenir caché au fond de notre hippocampe parmi des monticules de souvenirs demande un peu de concentration.
Le sport cérébral est important pour entretenir notre mémoire et suivre ce fil plus aisément. Et, comme dans toute pratique sportive, la fatigue ou une mauvaise alimentation nous rend moins performant. Récitation de fables de La Fontaine ou jeux au club du troisième âge, il n’y a pas d’âge pour entretenir régulièrement sa mémoire.
Mieux : si l’on pensait auparavant que la production de neurones stoppait à l’âge adulte, de récentes recherches remettent cette hypothèse en question. Une étude publiée dans « Nature medicine » en mars 2019 démontre que la neurogenèse (la production de neurones) fonctionne à plein régime année après année. Et, parmi les cobayes de l’étude âgés de 43 ans à 97 ans, la neurogenèse ralentit certes, mais elle est toujours active. La date de péremption n’est pas près d’arriver…
Alexandre Marsat
Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest. http://www.sudouest.fr/lemag/
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