L’utilisation de déodorants ou d’anti-transpirants contenant des sels d’aluminium favoriserait l’apparition du cancer du sein. Ces craintes sont-elles fondées ? Pas vraiment, en tout cas en l’état actuel des connaissances.
« T’es folle d’utiliser ça ! En plus tu viens de t’épiler… Tu vas choper le cancer du sein ! » Entendue dans les vestiaires d’une salle de sport, cette affirmation brutale est aussi relayée sur les réseaux sociaux. J’avoue avoir moi-même déconseillé à mes filles d’utiliser des anti-transpirants aux sels d’aluminium. Ces craintes sont-elles vraiment fondées ?
Depuis le début des années 2000, plusieurs études faisant état de la dangerosité des sels d’aluminiums pour la santé entretiennent régulièrement la psychose. Mais leur fiabilité est contestée… L’Institut national du cancer (INCA) estime notamment que ces études scientifiques ou pseudo-scientifiques « souffrent de nombreux biais » et rappelle qu’« aucune preuve de l’existence d’un lien entre l’application de déodorants ou d’anti-transpirants et le risque de cancer du sein » n’a pu être rapportée à ce jour.
Le comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC, comité consultatif de l’Union européenne), abonde dans le même sens. Dans un avis portant sur la sécurité de l’aluminium dans les produits cosmétiques, daté de mars 2014, le CSSC estime qu’il n’existe à ce jour aucune preuve d’une augmentation du risque d’apparition du cancer du sein en lien avec l’utilisation de produits cosmétiques contenant de l’aluminium. Un nouvel avis du CSSC est attendu courant 2019. Gageons qu’il n’éteindra pas la rumeur…
« Risque osseux ou neurotoxique »
Car absence de preuve ne signifie pas absence de risque … C’est la raison pour laquelle des rumeurs continuent à se propager. Par ailleurs, une application quotidienne, à long terme, de déodorants ou d’anti transpirants comportant une forte concentration en aluminium « peut représenter un risque osseux ou neurotoxique », aux dires de l’ Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (anciennement l’Afssaps). C’est la raison pour laquelle l’ANSM recommandait dès 2011 aux industriels de ne pas inclure plus de 0,6 % de sels d’aluminium dans les déodorants/anti-transpirants et aux usagers « de ne pas (les) utiliser sur une peau lésée », c’est-à-dire fraîchement épilée ou rasée. Recommandations « toujours d’actualité » indique l’ANSM.
Apparition de cancers hormono-dépendants
Une autre recommandation de bon sens pourrait être de faire le tri dans sa salle de bains et de bannir par « principe de précaution » tous les produits contenant des sels d’aluminium, mais aussi… parabens, phtalates et autres perturbateurs endocriniens suspectés de jouer un rôle dans l’apparition de cancers hormono-dépendants (dépendant de l’activité d’une hormone), comme le cancer du sein ou… celui de la prostate chez les messieurs.
Enfin, rappelons que la meilleure parade contre le cancer du sein reste le dépistage précoce, qui passe par une palpation annuelle des seins par un professionnel de santé dès l’âge de 25 ans.
En résumé :
- Aucune preuve d’un lien entre l’utilisation de sels d’aluminium dans les anti-transpirants et l’apparition d’un cancer du sein n’a été établie à ce jour ;
- L’exposition à des doses importantes d’aluminium comporte en revanche un risque osseux et neurotoxique.
- D’autres composants contenus dans certains déodorants, anti-transpirants et, plus généralement dans certains produits cosmétiques sont suspectés de jouer un rôle dans l’apparition de cancers hormono-dépendants.
Alexandrine Civard-Racinais
– Déodorants et anti-transpirants, quelle différence ?
Les déodorants ont simplement vocation à masquer les « mauvaises odeurs » indésirables, tandis que les anti-transpirants stoppent toute émission de sueur au niveau de l’aire cutanée sur laquelle ils ont été appliqués.
– Comment savoir si mon déo ou mon anti-transpirant contient de l’aluminium ?
Plus de 25 composés de l’aluminium sont susceptibles d’être utilisés dans les produits cosmétiques, notamment les déodorants et les anti-transpirants. Les mentions « aluminium chlorohydrate » (l’un des plus fréquents), « aluminium chloryde », « aluminium chlorydrex », « aluminium sesquichlorydrate » ou encore « aluminium zirconium » doivent alerter sur la présence de composés de l’aluminium.