En remplaçant le plastique par la porcelaine dans les plateaux-repas des crèches, la ville de Limoges marque fortement sa lutte contre les perturbateurs endocriniens. Mais ce n’est qu’une étape dans un changement profond du secteur, facilement reproductible chez soi.

« C’est vrai qu’on était passé à la mélamine pour les plateaux repas dans les crèches. C’est plus léger, il y a de jolies couleurs, des décors… C’était pas trop réfléchi ! » Mais ça, c’était avant. Pour Nadine Rivet, adjointe à la mairie de Limoges chargée de l’enfance, plus question de commettre les mêmes erreurs. Depuis un colloque sur les perturbateurs endocriniens organisé en 2015, la ville a entamé un chantier qui doit conduire à l’effacement le plus complet possible de tous les produits nocifs et l’élimination des plateaux-repas en est le symbole le plus voyant.

Matériaux inertes

Parce que dans les treize crèches municipales de la ville, les enfants les plus jeunes mangent à même la mélamine et que son remplacement par de la porcelaine… à Limoges, quand même, ça paraît lumineux : « Un cabinet d’études a fait un audit complet des crèches et on a redécouvert les vertus des matériaux inertes. »

Le verre et la porcelaine pour les couverts, l’inox pour les batteries de cuisine à la place du téflon, toxique dès qu’il s’abîme : « Le seul problème, c’est que la porcelaine et l’inox, c’est plus lourd que ce qu’il y avait avant. Mais on a travaillé en concertation avec les personnels. » Et en collaboration avec les ressources locales : design du plateau réalisé à l’IUT de design eco-responsable de La Souterraine, moule par le lycée du Mas-Jambost à Limoges et fabrication… bien entendue limougeaude, par l’entreprise Cerrinov, « l’une des dernières qui fasse encore de la porcelaine blanche. » Et début 2019, 500 plateaux tordront le cou de la mélamine.

Le moule du plateau repas a été créé dans un lycée professionnel de Limoges spécialisé dans la porcelaine

Les plateaux… et tout le reste

Aussi symbolique soit-elle, l’affaire des plateaux-repas n’est qu’une étape dans le travail effectué depuis deux ans dans les crèches : « On a mené un audit sur une crèche qui avait été réhabilitée avec des produits sains. C’est efficace contre les perturbateurs mais le problème est aussi ailleurs. » Sur les produits d’hygiène, d’entretien, l’aération des locaux… c’est une véritable révolution qui a frappé les crèches limougeaudes. Premières victimes, les lingettes, plaies environnementales avérées, qui ont été supprimées. Mais on est allé plus loin en ne lavant plus les enfants qu’à l’eau sauf s’ils sont souillés et « il n’y a pas plus d’affections de la peau qu’avant ».

A bas les plastiques !

Pour les jeux aussi, c’est terminé le clinquant plastique : « On n’achète plus de jeux si les compositions ne sont pas clairement indiquées » et celles-ci ne doivent plus contenir ni plastique ni solvants, tout comme les meubles. La peinture artificielle est bannie des jeux, remplacée par des teintures végétales (le jus de betterave fait un très joli rouge foncé…) et « les tapis puzzle sont partis à la poubelle. Ils retiennent les poussières et font des micro-particules dès qu’ils s’usent. Les jouets sont moins sophistiqués mais plus sains. On a formé le personnel pour lui apprendre à jouer autrement », c’est à dire sans les facilités des jouets modernes.

Pour les produits d’entretien, « c’est plus compliqué » parce qu’un nettoyeur vapeur, c’est cher. En attendant que toutes les crèches en soient équipées fin 2019, « on utilise des produits labellisés écologiques et on en met moins. » A partir de 2020, tout sera réglé. Ce sera aux parents de prendre le relais chez eux mais là… c’est nettement plus compliqué.

Jean Luc Eluard

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