Pour faire du surf, il faut une planche, une vague et une combinaison, histoire de ne pas prendre froid sous nos latitudes. La mèche blonde est facultative. Nous n’entrerons pas dans ce débat et renvoyons au visionnage de « Brice de Nice ». Par contre, on peut se jeter à l’eau pour évoquer la combinaison. Celle-ci doit avoir deux caractéristiques essentielles, souligne Irwin Wouts, directeur technique de la partie glisse du centre de conception Tribord à Hendaye : « La chaleur et la souplesse. Donc les composants et la construction doivent permettre de libérer le torse », puisqu’un surfeur, même un bon, passe l’essentiel de son temps couché sur sa planche, à ramer pour rejoindre la bonne vague. Et actuellement, seul le néoprène répond à ces deux demandes. De fait, « 99,9 % des combinaisons sont à base de néoprène ». Il n’y a guère que sur certaines tenues estivales, de 1 à 2 millimètres d’épaisseur (jusqu’à 6 millimètres en hiver) que l’on a pu développer un composant alternatif, un tissu membrané. Mais pourquoi vouloir changer alors que l’on a quelque chose qui fonctionne ?
Énergivore
Développé dans les années 1930 par Du Pont de Nemours, ce caoutchouc synthétique est très vorace en énergie fossile. Il peut être fabriqué à base de pétrole : en raffinerie, on dissocie ses composants et on mélange le butadiène obtenu avec du chlore pour avoir du chloroprène qui sera polymérisé (interaction de petites molécules), et cela donne du néoprène.
Un autre procédé fait appel au calcaire mais là, le pétrole est fortement utilisé pour faire chauffer la pierre et en extraire de l’acétylène qui sera chloré lui aussi. La plupart des recherches actuelles portent sur le remplacement de ce tissu peu écolo mais, si l’on parle du guayule, arbre originaire du Mexique qui donne un latex aux caractéristiques proches du néoprène, il faut tout de même y introduire 40 % du matériau habituel. Bref, dans l’immédiat, on ne se passera pas du néoprène.
Mais il n’est qu’un composant parmi les trois couches qui constituent une combinaison. À l’intérieur, on trouve le plus souvent du polyester pour obtenir une texture plus douce. La couche extérieure varie dans sa composition mais elle est une sorte de coupe-vent qui empêche que le reste ne se refroidisse. Le néoprène n’est que la couche intermédiaire : c’est une mousse qui contient des bulles d’azote qui assurent l’isolation, comme un double vitrage.
Et contrairement aux combinaisons de plongée grand froid, elles ne sont pas étanches : elles laissent passer un peu d’eau qui, réchauffée au contact de la peau, assure aussi une isolation thermique.
Vous voilà parés pour glisser. Et pour la mèche, voyez un coiffeur, c’est plus sûr qu’une polymérisation…
Jean Luc Eluard
Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest.
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Crédit photo : Pierre Baudier