La voiture électrique ne serait pas si écolo qu’on le croit… Pire, elle serait même aussi polluante, voire plus, que le diesel. C’est en tout cas ce qu’on entend ou lit ici ou là. Mais qu’en est-il vraiment ? Décryptage.
Tordons tout d’abord le cou à l’idée selon laquelle il y aurait des voitures plus « propres », c’est-à-dire moins polluantes que d’autres. Car, la voiture propre n’existe pas. « La fabrication d’une voiture (que celle ci soit thermique ou électrique) implique toujours d’extraire des ressources naturelles, puis de les transformer et tout cela a un coût énergétique et environnemental », souligne Marie Chéron, expert mobilité au sein de la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), coordinatrice d’une étude sur les impacts environnementaux des voitures électriques.*
Moins d’émissions de gaz à effet de serre
Néanmoins, l’impact de la production d’une voiture électrique sur le climat et l’environnement s’avère bien moindre que celui des autres voitures : « en France, les émissions de gaz à effet de serre induites par la fabrication, l’usage et la fin de vie d’un véhicule électrique sont 2 à 3 fois inférieures à celles des véhicules essence et diesel. » Par ailleurs, si une voiture électrique génère elle-aussi des particules fines (induites par l’abrasion des pneus), celles ci sont sans communes mesures avec les émissions de ses concurrentes.
« 40 % de l’empreinte environnementale d’un véhicule électrique est liée à la fabrication de ses batteries »
Un point noir : la batterie
Pour autant la voiture électrique n’est pas exempte de tout défaut. « Sa batterie contient du lithium, du cobalt et des terres rares » dont l’extraction et le traitement s’avèrent particulièrement énergivores et polluantes… chez les autres, puisque la fabrication des cellules de batteries qui équipent nos véhicules électriques est actuellement délocalisée en Asie. À terme, « l’Europe souhaite relocaliser cette production sur nos territoires, ce qui devrait réduire leur impact environnemental. »
La réponse à ce problème passe aussi par la mise en place, en France, « d’une économie circulaire, de la conception des batteries (éco-conception et développement de nouvelles chimies) au recyclage, en passant par l’optimisation des usages des véhicules et la réutilisation des batteries en seconde vie. »
Réfléchir à ses usages
En attendant, chacun est invité à réfléchir à ses usages et aux conséquences de ses choix. « Les conducteurs qui prennent essentiellement leur voiture pour effectuer de petits trajets n’ont pas besoin de disposer d’une autonomie de 600 kilomètres. Plus l’autonomie est grande, plus la batterie sera lourde et plus la batterie est lourde, plus son impact environnemental sera important ».
Pour de courts trajets quotidiens, en ville ou à la campagne, on optera donc pour un petit modèle de véhicule électrique, à recharger essentiellement chez soi. Là encore « il importe d’être attentif aux modalités de charge et d’éviter de recharger sa batterie au moment du pic de consommation électrique, notamment l’hiver », on évitera donc de se brancher au réseau entre 18h et 22h afin d’éviter que la demande n’excède l’offre, suscitant l’importation d’électricité « carbonée » issue de centrales thermiques.
En rêvant du jour, peut-être pas si lointain,« où l’on aura un système de production électrique décentralisé, faisant la part belle aux énergies renouvelables et non aux énergies fossiles et nucléaire, dans lequel les véhicules électriques pourront aussi restituer l’énergie résiduelle de leurs batteries dans le réseau, aux heures ou la demande en électricité est la plus forte.» Et si chacun d’entre nous devenait aussi plus vertueux et plus sobre dans l’utilisation de sa voiture, quelle qu’elle soit ?
Alexandrine Civard-Racinais
*étude menée par la Fondation Nicolas Hulot et European Climate Foundation, de mai 2016 à novembre 2017.
REPÈRES
- La France compte aujourd’hui un peu plus de 130 000 véhicules électriques.
- Plusieurs millions de véhicules électriques pourraient être mis en circulation d’ici 2030.
- Le Plan Climat lancé par le gouvernement français en juillet 2017 fixe à 2040 la fin de la vente des véhicules essence et diesel.
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