En France et dans le monde, le vison d’Europe, qui a perdu 85 % de son aire de répartition en un siècle, est en danger critique d’extinction. Le programme européen « Life Vison » est destiné à le sauver dans le bassin de la Charente, l’un des derniers refuges où il subsiste.
L’adorable vison d’Europe va-t-il prochainement être rayé de la carte ? On peut le craindre : avec moins de 250 individus, répartis en Nouvelle-Aquitaine, Mustela lutreola (c’est le nom scientifique de ce petit carnivore semi-aquatique) est classé depuis 2017 en danger critique d’extinction, comme l’ours brun, par l’Union internationale pour la conservation de la nature (voir la carte IUCN de répartition de l’espèce).
Dégradation des zones humides et concurrence avec le cousin américain
En cause, un cocktail de facteurs : la destruction de ses habitats naturels, les zones humides, la concurrence exercée par le vison d’Amérique (importé pour sa fourrure, qui s’est échappé des fermes d’élevage et a colonisé le réseau hydrographique), les collisions routières…
Pour éviter sa disparition, l’Union européenne finance le programme « Life Vison », initié en septembre 2017 dans 8 sites « Natura 2000 »* du bassin de la Charente, l’un des derniers refuges du petit animal. Il est mis en œuvre par la LPO (Ligue de protection des oiseaux), le Conseil départemental de la Charente-Maritime et le GREGE (Groupe de recherche et d’étude pour la gestion de l’environnement).
Mettre fin aux menaces qui pèsent sur lui
« D’une durée de cinq ans, ce programme vise à mieux connaître le vison d’Europe et son aire de répartition pour mieux le protéger, souligne Ingrid Marchand, coordinatrice du projet à la LPO de Rochefort (17). Pour ce faire, nous avons débuté des campagnes de détection directe (captures de septembre à mars, hors période de reproduction et de mise bas) et indirecte (pièges à poils, photos, tunnels à empreintes) de l’espèce afin d’actualiser la cartographie de la présence du vison d’Europe. Nous allons aussi équiper d’un émetteur certains individus capturés (puis relâchés). Pour l’heure, nous avons pu en attraper six mais la pose de ces émetteurs ne débutera que cet hiver, après autorisation. » Ce radiopistage permettra notamment de caractériser les sites de reproduction du mustélidé.
Mise en place de sanctuaires et surveillance des espèces « invasives »
En parallèle, le programme vise à restaurer et sécuriser les lieux de vie du vison d’Europe. « Il prévoit notamment l’acquisition de 30 hectares, la restauration d’habitats (boisements alluviaux, prairies humides, marais…), la création de frayères et des zones refuges le long du fleuve Charente », précise Ingrid Marchand.
Autre initiative : aménager 15 ouvrages d’art (pontons flottants, encorbellements…) pour permettre au vison d’éviter de traverser les ponts et ainsi réduire leur mortalité liée à la circulation routière.
Le programme surveillera aussi la colonisation du bassin de la Charente par le vison d’Amérique (déjà présent en Bretagne et dans le sud de la Gironde) et le raton laveur, autre espèce « invasive ».
Des actions qui pourraient profiter à d’autres espèces telles que la loutre d’Europe (« quasi menacée ») ou la vulnérable rosalie des Alpes (insecte coléoptère), et habitats associés comme les forêts d’aulnes et de frêne.
Florence Heimburger
*réseau qui rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l’Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu’ils contiennent.
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