Inscrite au patrimoine immatériel de l’Alsace, la cigogne blanche préfère pourtant la Nouvelle-Aquitaine… Depuis 2014, la Charente-Maritime a en effet détrôné le Haut-Rhin dans le cœur de ce bel échassier. L’an dernier, 515 couples nicheurs avaient trouvé gîte et couvert dans les marais de Brouage et de Rochefort, contre 507 dans le Haut-Rhin. Et 2018 s’annonce un bon cru.
« 2018 sera une année exceptionnelle. 1 166 jeunes ont pris leur envol cet été. C’est du jamais vu ! », se félicite Nicolas Gendre, en charge du programme cigogne blanche à la LPO. Ce chiffre, encore provisoire, atteste du succès reproductif des 523 couples nicheurs recensés dans les marais de Brouage et de Rochefort, fief de l’espèce depuis son retour naturel en 1978, mais aussi dans les prairies humides de la Vallée de la Charente et jusqu’aux rives de l’estuaire de la Gironde. Il témoigne aussi de « la qualité de l’accueil trouvé en Charente-Maritime ».
Les cigognes blanches bénéficient en effet d’un climat océanique favorable « avec une pluviométrie peu importante et peu de vagues de froid. » Mais le facteur numéro un reste la présence « de marais préservés qui sont encore de petits joyaux » et leur assurent le couvert. « Elles trouvent un garde-manger bien fourni », relève Nicolas Gendre.
Des écrevisses rouges et des… pattes orangées
Oiseau opportuniste, ne dédaignant pas à l’occasion se nourrir sur des décharges publiques, la cigogne blanche se délecte ici d’un mets de choix : l’écrevisse rouge de Louisiane. « Cette espèce invasive qui pose de nombreux problèmes aux poissons, aux batraciens et aux herbiers représente une ressource alimentaire considérable pour les cigognes et les autres échassiers ».
La présence de ce crustacé dans les marais explique pour partie la bonne productivité des couples nicheurs… et les pattes orangées de leurs petits (liée à la présence de carotène dans cette écrevisse).
Migrer ? Pourquoi faire ?
Trouvant dans les marais charentais gîte et couvert à leur goût, certains oiseaux se sont même sédentarisés. « Depuis 2/3 ans, 80 individus passent l’hiver dans nos marais, alors qu’ils se comptaient sur les doigts d’une main à la fin des années 90 et qu’on en dénombrait une trentaine en 2010. »
Fin août, ces petits malins ont regardé les derniers retardataires mettre cap au sud, en direction de l’Afrique et des zones sub-sahéliennes. La plupart d’entre eux ne franchiront pas le détroit de Gibraltar et passeront la mauvaise saison en Espagne, afin de revenir dans les marais charentais dès la mi-décembre.
« C’est la règle du premier arrivé, premier servi » commente Nicolas Gendre. Les premiers arrivants ont accès aux meilleurs nids construits en haut d’un arbre ou… d’un pylône. Viendra ensuite le temps des tendres retrouvailles entre partenaires, ponctuées de claquements de becs caractéristiques. Avant de donner le jour à une nouvelle génération de cigognes blanches. Et de battre un nouveau record en 2019 ?
Alexandrine Civard-Racinais
« La route des cigognes »
Une soixantaine de couples-nicheurs s’est installée sur les pylônes jalonnant la ligne électrique haute tension qui longe la départementale 123 de Saint-Agnant à Marennes, au point que celle-ci est désormais surnommée « route des cigognes ».
La LPO a d’ailleurs passé un partenariat avec Enedis et RTE, afin de protéger les oiseaux, tout en limitant les désagréments pour les usagers, construisant parfois des plateformes artificielles à proximité de la ligne quand il s’avère nécessaire d’enlever un nid sur un pylône.
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