Situé près du bassin d’Arcachon, le Centre de sauvegarde de la faune sauvage de la LPO Aquitaine est devenu en quelques années l’un des plus grands centres de soin à l’échelle nationale. Reportage.
Les tempêtes hivernales de 2017 ont apporté leur lot d’animaux en détresse au Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage d’Audenge. Huit guillemots de Troïl ont ainsi été récupérés sur les plages girondines suite au passage de la tempête Marcel.
Victimes d’un dégazage sauvage, trois d’entre eux sont morts, mais les cinq autres ont survécu grâce à la ténacité des soigneurs. Il faut dire que le Centre, crée par la LPO en 2003 suite à la marée noire du Prestige, a l’habitude des situations de crise. « Lors des grosses tempêtes, il nous est déjà arrivé de recueillir jusqu’à 200 oiseaux marins en détresse ! Dans ces cas-là, chacun est sur le pont et se tient prêt à enchaîner lavages et gavages », commente sa responsable, Manon Tissidre.
Le seul centre de néo-aquitain à prendre en charge des chevreuils
Les oiseaux marins ne sont pas les seuls à bénéficier des soins attentifs des quatre soigneurs en poste. En 2017, le Centre a accueilli 3 394 animaux, représentant plus de 200 espèces. Contre toute attente, c’est le groupe des mammifères qui est le plus représenté. Il n’est donc pas étonnant de tomber sur un vieux chevreuil mâle, terminant sa convalescence dans une volière intérieure aménagée en box 5 étoiles.
À l’échelle régionale, le centre de soins d’Audenge est seul à prendre en charge les grands mammifères comme les chevreuils, « une espèce galère » soupire Manon. Leur poids, leur vivacité et leur imprévisibilité en font des animaux « dangereux et compliqués à gérer » qui stressent en outre énormément.
Le Centre en recueille 45 par an en moyenne, soit plusieurs individus par mois qui arrivent souvent avec des fractures multiples et nécessitent des prises en charge complexes.
Médecines douces et chirurgie de pointe au service des animaux
Les patients à poils, à plumes et à écailles bénéficient ici de techniques ou de chirurgies de pointe réalisées par l’un des 12 vétérinaires bénévoles. Récemment, un goéland arrivé avec une nécrose d’une partie de l’aile et un épanchement, a ainsi été traité par thérapie laser. Ce matériel de pointe permet de traiter problèmes de peau, inflammations, fractures, plaies et abcès, problèmes respiratoires ou neurologiques…
Tous les animaux du centre bénéficient de ces traitements laser, indolores, qui permettent d’éviter des manipulations ou des traitements stressants. Les médecines alternatives (acupuncture, phytothérapie, homéopathie) sont également utilisées. Les guillemots mazoutés convalescents se sont ainsi vus proposer un menu « détox » à base d’éperlans… à la spiruline, une micro-algue riche en fer et en vitamine B12, destinée à « redonner un coup de fouet » à ces oiseaux très affaiblis. « Et l’on a rajouté en prime des bonnes bactéries destinées à éliminer au plus vite les substances chimiques présentes dans leur corps » commente Mathieu, l’un des soigneurs.
Le centre se préoccupe aussi de minimiser l’impact environnemental des soins. Aussi les soigneurs utilisent-ils des « micro-organismes effectifs activés ». Ces « bonnes » bactéries servent à « nettoyer les sols et les cages mais aussi les plaies et on en met dans la nourriture pour réensemencer la flore intestinale de nos patients », témoigne Manon Tissidre qui se réjouit des bons résultats enregistrés par le Centre.
En 2017 « sept animaux sur dix ont pu être relâché ». Un taux de réussite de 67%, supérieur à la moyenne nationale (48%). Les deux derniers guillemots « démazoutés, retapés, remusclés, lavés et étanchéifiés » ont ainsi pu prendre un nouveau départ.
En cas de découverte d’un animal sauvage blessé ou en détresse, contactez le Centre de soins LPO Aquitaine au 05 56 26 20 52 ou au 06 28 01 39 48
Texte : Alexandrine Civard-Racinais
Photos : Thierry Racinais