Allez, il fait chaud, on va se tremper et on ne suera plus comme un bœuf. Alors certes, la sensation de fraîcheur que l’on prouve en plongeant dans l’eau est parfois agréable mais pour autant, il n’est pas dit que l’on arrête de transpirer. Surtout si l’on fait des efforts une fois dans l’eau. Un petit coup de water-polo et c’est reparti pour une suée. Parce que contrairement à ce que l’on a longtemps cru, on continue de transpirer dans l’eau lorsqu’on s’y agite, même si sa température est inférieure à celle du corps. Le problème, c’est qu’à ce moment-là, la transpiration ne joue plus son rôle de thermorégulateur, elle ne contribue plus à abaisser la température.
Outre son rôle social dans l’expression des émotions, surtout d’ordre animal (agressivité, peur, désir sexuel) que l’on ne perçoit plus qu’inconsciemment, et son rôle pratique (la transpiration des paumes ne sert pas à humidifier celles des gens à qui l’on dit bonjour mais à améliorer leur préhension), la sueur a pour but de refroidir le corps lorsqu’il est en surchauffe.
L’eau, meilleure conductrice
Mais l’émission de transpiration n’est pas le but en soi, c’est son évaporation qui effectue le travail : pour pouvoir s’évaporer, les molécules d’eau ont besoin d’énergie et elles transforment la chaleur, qu’elles puisent dans le corps, en énergie pour se changer en vapeur. Plus l’atmosphère est humide, plus cette transformation est longue. Autant dire que, dans l’eau, elle ne se fait carrément pas : c’est l’eau elle-même, bien meilleure conductrice que l’air, qui se charge de faire baisser la température.
Quand il y a un gros déplacement d’air, lors d’une descente de col à vélo par exemple, c’est l’excès inverse : le vent élimine l’eau trop vite et le corps doit tout de suite lutter pour conserver la chaleur qu’il a essayé d’éliminer pendant toute la montée.
Mais malgré tout, même dans l’eau où ça ne sert à rien, on transpire parce que l’hypothalamus du cerveau, réagissant automatiquement à l’effort fourni, envoie du sang vers la surface de la peau où se trouvent les quelque 2 à 4 millions de glandes sudoripares.
Celles-ci extraient l’eau du plasma sanguin et c’est elle qui constitue la sueur à 99 %, le reste étant composé de sels minéraux et de résidus azotés qui donnent l’odeur. Quand on parle de « suer sang et eau », c’est donc un pléonasme. Et si l’on veut arrêter de transpirer dans l’eau, mieux vaut ne rien y faire.
Jean Luc Eluard
Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest.
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